Pour sauver l’environnement, récupérons l’argent!
Pour réduire notre impact individuel sur l’environnement, on nous propose une myriade de solutions:
- acheter local et boycotter des firmes multinationales qui polluent le plus
- réduire au maximum l’utilisation de plastiques à usage unique (car le recyclage, auparavant vendu comme LA solution, ne résout pas les problèmes immenses générés par cette industrie)
- réduire voire arrêter sa consommation de viande (l’élevage représente quasiment 20% des GES, et est l’une des causes majeures de déforestation)
- Eviter au maximum les voyages en avion, en navires de croisière, privilégier le covoiturage pour les trajets en voiture
- Isoler son logement, changer pour un mode de chauffage plus économe
- Et bien sûr pléthore d’autres solutions…
Si, effectivement, notre responsabilité individuelle est indéniable, il faut également des politiques fortes en faveur de l’environnement pour que le gros du travail soit fait. Malgré la communication gouvernementale, absolument rien n’est fait pour ne serait-ce que diminuer notre impact néfaste sur la planète. Seule la communication a pris le relais: “engagements forts pour le climat”, “objectifs ambitieux”, “croissance verte (!)”…
Étudions le fonctionnement d’une entreprise privée qui, pour réussir, doit obéir à des règles de rentabilité et de concurrence: l’épuisement des ressources et la destruction du vivant n’entrent pas en compte dans les données de l’entreprise. Ces éléments n’existent pas dans le logiciel. C’est l’argent qui gouverne. Alors bien sûr, le marketing et la communication feront que les plus gros pollueurs essaieront toujours de se faire passer pour des entreprises “responsables”. Le fameux greenwashing. Mais toutes les entreprises doivent obéir à la loi du pays dans lesquelles elles se trouvent…
Des mesures législatives qui aident à lutter contre le changement climatique, contre la pollution de l’environnement et contre l’effondrement de la biodiversité pourraient se classer en deux catégories:
- les mesures contraignantes
- les mesures incitatives
En ce qui concerne les mesures contraignantes, il est pour moi primordial (liste non exhaustive):
- de reconnaître la notion de crime contre l’environnement
- que les personnes physiques aux commandes de l’entreprise (qui est une personne morale) soient tenues pour responsables des crimes contre l’environnement qu’ils ont commandités (décharges sauvages, négligence…)
- d’interdire progressivement les plastiques à usage unique, les pesticides nocifs, les importations de certains produits et denrées alimentaires qui existent localement, les produits à obsolescence programmée (la liste est très longue…)
- de mettre fin aux pratiques d’évasion fiscale (appelées “optimisation fiscale”) des grandes entreprises
Quant aux mesures incitatives, elles sont aussi très nombreuses:
- Dans l’agriculture: subventions pour la transition vers un modèle agricole moins dépendant des importations de matières premières, plus durable et plus écologique (cultures biologiques, agro-foresterie, fin du labour en profondeur…).
- Dans l’industrie: réduire les taxes pour les entreprises qui font des choix responsables socialement et écologiquement (l’augmentation des coûts d’achats à supporter pour les entreprises serait alors contrebalancé par une baisse des impôts)
- Dans les services: plus une entreprise serait vertueuse pour l’environnement, plus ses taxes seraient allégées.
- Chez le particulier et dans le secteur de l’immobilier: “je veux bien isoler ma maison, changer mon vieux chauffage électrique et installer un panneau solaire, mais je n’arrive déjà pas à boucler mes fins de mois”. Le choix d’un mode de vie plus écolo est souvent difficile à supporter financièrement pour les ménages. Il faut inciter les ménages à moins consommer d’énergie avec des aides conséquentes à la transition.
L’état Français est prêt à allouer 40 millards d’euros dans des aides aux entreprises comme le CICE (Crédit d’impôt Compétitivité Emploi) pour “favoriser l’emploi”, sans grand résultat hormis pour les actionnaires, mais ne propose pas de tel montant pour l’environnement… Hors nous le savons, la maison brûle, l’urgence devrait être le climat!
Récupérons l’argent!
0n atteint la somme de 570 milliards d’euros (d’évasion fiscale) pour notre seul pays
Rapport d’information n°1423 de l’Assemblée Nationale – 9 octobre 2013 section II. -A
On estime que l’argent caché aux impôts français dans les paradis fiscaux dépasse les 200 millards d’euros (pour les avoirs détenus par des résidents français), et que le manque à gagner généré serait de 60 milliards. Ce qui veut dire que ce sont les autres contribuables, beaucoup moins fortunés, qui assument ce coût: 136€/mois payés par les 36,7 millions de contribuables, c’est à dire l’essentiel de la population. Mais ce n’est pas tout: l’optimisation fiscale, pratiquée par les grandes entreprises qui passent par des cascades de sociétés écran, représenterait jusqu’à 60 milliards supplémentaires de manque à gagner pour les impôts. L’optimisation fiscale est légale, et permet à certaines sociétés qui génèrent pourtant des profits faramineux de rabaisser leurs impôts à moins de 1%.
Récupérons l’argent de l’évasion fiscale, rendons les montages financiers des multinationales illicites, et nous aurons déjà mis la main sur au moins 120 milliards d’euros par an. Une entreprise préférera continuer de réaliser des profits en France si elle est forcée de payer ses impôts (elle aussi!), plutôt que de voir ses marchandises retirées des rayons (oui, il faut plus qu’une tape sur les doigts pour que ce type de mesures soient efficaces).
Alors oui, c’est certes facile à dire, quand on constate que:
- les personnes élues continuent d’accroître les dommages à l’environnement et les inégalités sociales
- les violences policières n’annoncent rien de bon pour la démocratie
- plus que jamais, la finance exerce son emprise sur les gouvernements
- les distributions de dividendes aux actionnaires battent des records
- la croissance du PIB est toujours scrutée de très près
- la consommation de viande devrait exploser dans le monde
- les industries automobiles, navales et aéronautiques prévoient toujours plus d’appareils en circulation
- les traités de libre échange (CETA, TAFTA…), nous dirigent vers toujours plus d’émissions de carbone
Mais l’enjeu est de taille: c’est maintenant qu’il faut revoir les bases de notre société, pour pouvoir espérer maintenir un monde dans lequel les besoins primaires de chacun puissent être satisfaits (santé, libertés, paix). Sans cela, en cas de crise écologique, l’argent perdra de toute manière la valeur que nous lui portons aujourd’hui (risque d’hyperinflation).
Que faire de cet argent?
Pour moi, pas d’écologie possible sans justice sociale: tout d’abord soulager les ménages et les entreprises les plus vulnérables, redonner des moyens à l’éducation, aux hôpitaux, et investir massivement dans la transition énergétique. Récupérer l’argent planqué permettrait de donner des moyens à une politique volontariste pour la planète 🌍.
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First!