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Agriculteur, paysan, fermier… Nourrir les hommes: sans aucun doute le métier le plus important du monde! Pourtant, la profession semble battre de l’aile en France. Alors que les métiers les plus rémunérateurs se trouvent dans la finance, la technologie, et autres secteurs souvent non essentiels à notre survie, on entend beaucoup parler des difficultés rencontrées par le monde agricole. Malgré une crise sociale et écologique évidente, rien de semble mis en place par les autorités pour aider ces professionnels, ni questionner sérieusement le modèle actuel. Deux suicides par jour en moyenne chez les agriculteurs en France: ces chiffres alarmants sont révélateurs d’un profond malaise. Comment a-t-on pu en arriver à cette situation?
La mécanisation de l’agriculture et l’évolution des pratiques agricoles se sont accélérées en France après la seconde guerre mondiale, avec notamment la création de l’INRA: on assiste alors à une transformation importante du paysage français, avec la suppression de nombreuses haies, l’apparition des tracteurs, moissonneuses-batteuses et l’agrandissement des exploitations. Certaines régions se spécialisent dans des productions, comme la Bretagne avec les élevages de porcs hors-sol.
On commence à parler d’agriculture intensive: produire toujours plus à moindre coût. Les paysans s’endettent pour acheter du matériel, pour agrandir leurs exploitations, et ont recours à la “science” pour augmenter leurs rendements. En effet, la monoculture et les élevages concentrationnaires (ou intensifs) requièrent le recours à de nombreux produits issus de la chimie: engrais –le procédé Haber-Bosch, pour synthétiser de l’ammoniac est considéré comme un tournant majeur dans l’histoire de l’agriculture-, pesticides (les fameux produits “phytosanitaires”) et antibiotiques. La gestion des graines est confiée à des semenciers: c’est l’avènement de la privatisation du vivant et la naissance des géants de l’agro-industrie (ingénierie génétique et chimie).
Entre 1945 et 1975, on assiste à un exode rural important, et les modes de consommation changent: les super et hypermarchés se développent sur le territoire, les coopératives agricoles prennent de l’ampleur et les multinationales de l’alimentaire gagnent des parts de marché. Cela ne sera pas sans conséquence sur la pression financière exercée sur les exploitants agricoles, comme nous le verrons plus loin.
Depuis cette période, le nombre d’agriculteurs dans la part des actifs baisse continuellement, jusqu’à représenter aujourd’hui environ 3% de la population active. Alors qu’en 1975, un agriculteur nourrissait en moyenne 15 personnes, il en nourrit désormais 60.
En 1962 est également créée au sein de l’Union Européenne la PAC (Politique Agricole Commune), avec pour ambition principale l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire sur le continent. Elle n’est pas sans conséquences sur les marges des agriculteurs, car elle peut imposer des quotas de production (1984-2015: instauration puis abandon des quotas laitiers pour faire face à la surproduction). Les exploitants qui ne s’agrandissent pas pour réaliser des économies d’échelle mettent la clé sous la porte.
Selon la MSA, en 2016, 30% des exploitants agricoles avaient un revenu inférieur à 350 euros par mois. A titre de comparaison, en 2015, le seuil de pauvreté s’établissait à 1015 euros! Comme nous l’avions vu précédemment, les exploitants sont incités à s’endetter afin d’augmenter la taille de leurs cheptels, et ainsi pouvoir proposer des prix plus bas pour rester compétitifs sur le marché. Ces derniers sont payés uniquement lorsqu’ils vendent leur production, et doivent donc supporter des coûts importants (le besoin en fonds de roulement) avant de pouvoir toucher le moindre centime: matériel agricole, intrants, pesticides, emprunts, frais de vétérinaires… la liste des décaissements est longue.
En amont comme en aval, le pouvoir de négociation des agriculteurs est moindre face aux géants de l’agroalimentaire qui les fournissent et achètent leurs marchandises:
En +
Pour aller plus loin au sujet de la répartition des marges dans l’industrie agroalimentaire (lien).
L’accaparement des terres désigne le rachat à grande échelle d’espaces agricoles par des puissances étrangères (sociétés transnationales ou gouvernements). Entre 2000 et 2010, la Banque Mondiale estime ainsi que plus de 45 millions d’hectares (227 millions pour l’ONG Oxfam!) ont ainsi été soutirés aux populations locales, avec plus de 70% de ces terrains en Afrique.
Pour quelles raisons ces terres sont-elles convoitées?
Hausse mondiale de la demande alimentaire, consommation de viande, agro-carburants, mondialisation: la tendance mondiale n’est pour l’instant pas au “consommer local”. Les chinois s’implantent en Bretagne pour s’approvisionner en lait en poudre, nos élevages utilisent du soja (lien1) importé du continent américain (lien 2), les amendements, produits phytosanitaires et intrants divers proviennent des quatre coins du globe… Notre agriculture est dépendante des importations, du pétrole et de la mondialisation. Dans ce contexte de flux internationaux, il est alors aisé de comprendre l’intérêt stratégique d’investir dans des terres hors de son pays d’origine pour sa propre sécurité alimentaire.
Quels problèmes l’accaparement des terres peut-il poser?
Tout d’abord, cela pose le problème de l’autonomie alimentaire des pays touchés: accessibilité des produits pour les populations locales et marché de destination. On peut priver une population du bénéfice de ses terres agricoles. A terme, cela peut également poser un problème pour la souveraineté des états: une fois achetées par une puissance étrangère, comment remettre la main sur ces terres sans déclencher de conflits?
Ensuite, cela a pour effet de faire disparaître la paysannerie, souvent au profit de grandes sociétés: dans le meilleur des cas, les autochtones deviennent salariés de grands groupes.
Point sur la situation en France
En France, la SAFER, exerce un rôle de régulateur dans ces acquisitions de terrains agricoles, notamment grâce à un droit de préemption sur les terres. Problème(s): il est à priori aisé de contourner la préemption, et la SAFER n’aurait de toute manière pas la visibilité complète sur toutes les transactions. Comme nombre d’agriculteurs connaissent des difficultés et sont endettés, la vente de leur exploitation agricole peut donc représenter une manière de s’en sortir financièrement. Bien que je n’ai pas trouvé de données précises sur le phénomène (reportages à visionner: ici et là), des investisseurs, chinois notamment, proposeraient des sommes bien plus importantes aux vendeurs que les potentiels repreneurs locaux, ce qui favoriserait la vente à des étrangers. Bien que l’on puisse comprendre les logiques ayant conduit les vendeurs à vendre au plus offrant, ce phénomène expose la France dangereusement au risques posés par l’accaparement des terres.
Nous avons la chance, du moins dans les sociétés occidentales, d’avoir un accès à de la nourriture abordable et en abondance. D’après l’INSEE, “depuis 1960, les ménages consacrent à l’alimentation une part de plus en plus réduite de leur dépense de consommation : 20 % en 2014 contre 35 % en 1960.” Se nourrir ne serait donc plus une préoccupation majeure depuis longtemps, et bien que d’après un sondage BVA, “une majorité de Français se disent plus préoccupés par leur alimentation qu’avant (57%)”, il est probable que ce thème prenne de l’ampleur dans les prochaines décennies.
Tout d’abord, à moyen terme, et cela sera détaillé plus loin dans l’article, les atteintes graves causées à l’environnement, notamment par nos pratiques agricoles, mettent en péril la biodiversité. Cette dernière est essentielle à notre sécurité alimentaire: selon Olivier de Schutter (ancien rapporteur de l’ONU à l’alimentation), “les semences commerciales menacent l’équilibre de la planète”. Ce serait 75% de l’agrobiodiversité qui aurait été perdue à cause “de la domination de ces variétés uniformes”. Mais il est aussi question de la mort de nos sols (à cause du labour, des produits phytosanitaires…), du déclin des abeilles… Il nous faut sauver la biodiversité si nous voulons nous nourrir durablement.
Ensuite, notre dépendance aux importations, et donc au pétrole, pour l’agriculture intensive, est très élevée. Au delà des machines agricoles, ce sont tous les engrais et produits dits “phytosanitaires” qui sont fabriqués à partir de la pétrochimie. Embargo, pandémie, crise économique, stocks disponibles de ressources fossiles: notre sécurité alimentaire est étroitement liée au commerce international.
Enfin, le modèle d’approvisionnement des ménages, via les chaines de grande distribution, nous met encore une fois dans une situation de dépendance critique. En effet, ces circuits de distribution sont conçus de manière centralisée: on achète en gros, les marchandises passent par des centrales de distribution qui “dispatchent” les produits dans les Leclerc, Carrefour et Intermarché (pour les 3 plus gros distributeurs en France). Les produits locaux ne représentent qu’une faible part des marchandises mises à disposition des clients (pas de données sur le sujet, mais un tour dans un supermarché permet de s’en rendre compte). Anecdote personnelle qui permettra de l’illustrer: j’ai même trouvé dans un Leader-Price des haricots vert qui venaient… de chine! La plupart des produits étant sous plastique (encore une fois, se balader dans des rayons permet de s’en rendre compte), outre l’aspect négatif pour l’environnement, on observe également, encore une fois, une dépendance à l’industrie pétrochimique. Si les supermarchés, pour X raison, ne sont plus approvisionnés, il sera difficile pour l’essentiel de la population de se nourrir. Pour sortir de cette dépendance, l’essor de la vente directe dans des magasins de producteurs, à la ferme ou sur les marchés permettrait une sortie progressive de cette dépendance extrême aux grandes surfaces.
Pour comprendre en quoi notre manière de nous nourrir a bouleversé nos écosystèmes, je vous propose d’étudier de manière schématique le fonctionnement d’un sol sain, “vivant”, contre un sol qui a subit le labour, l’ajouts d’engrais chimiques et de produits phytosanitaires. Je vous invite également à regarder le Zap publié avec cet article, qui contient plusieurs enseignements (dont ceux, très précieux de Claude et Lydia Bourguignon) dont je me suis inspiré pour réaliser le schéma ci-dessous.
Nous avons à gauche, un sol naturel, et à droite, un sol labouré.
1) A gauche, notre sol n’a pas été touché. Les insectes et champignons fabriquent de l’humus en se nourrissant de la matière organique (feuilles, bois, etc). Puis viennent les vers de terre, qui créent le complexe argilo-humique. “S’il n’existaient pas, l’humus resterait désespérément en surface et ne se lierait pas aux argiles du sol, qui serait ainsi très instable“. Enfin, ce sont aux microbes d’entrer en jeu: les “bactéries, champignons, protozoaires, nématodes (…) représentent 75 à 90 % de la biomasse vivante du sol. Ils ont un rôle majeur dans la décomposition de la matière organique, contribuent au recyclage des nutriments et facilitent l’absorption des éléments par les racines“. Des éléments comme l’azote sont apportés au plantes par le travail des rhizobiums (au sein de nodules, représentés sur le schéma).
2) On constate, à droite, que la matière organique a été enfouie par le labour. Si ces déchets ne sont plus en surface et sous la rhizosphère, ils ne pourront pas être dégradés par les insectes et les champignons. Pour compenser la perte de l’écosystème des sols et stimuler la croissance des cultures, l’agriculture “moderne” vient apporter aux plantes des engrais: Azote (N, pour Nitrogen), Phosphore (P), et Potassium (K). Ceux-ci vont malheureusement avoir plusieurs effets pervers: tout d’abord la sur-stimulation des bactéries par ces engrais provoque la minéralisation de la matière organique, qui devient à terme hors de portée des insectes, champignons et vers de terre. Argile et humus ne sont plus attachés (car trop minéralisés), et le sol s’en va avec les pluies dans les rivières. C’est la mort biologique et chimique des sols. Ensuite, les surplus de nitrates et d’ammoniac générés par les épandages vont notamment générer des problèmes d’eutrophisation des milieux naturels. L’ammoniac relâché dans l’air, combiné à d’autres particules va aider à la formation de polluants.
3) La plante (à droite), faible, va être plus sensible aux agents pathogènes et parasites divers. C’est à ce moment qu’entrent en action les produits phytosanitaires: insecticides, fongicides, herbicides et amendements divers.
Comme nous avons donc pu l’étudier, le labour et l’utilisation d’engrais chimiques viennent perturber un écosystème fragile. Les sols dégradés biologiquement et chimiquement n’assurent plus leur rôle d’éponge: nous sommes plus sujets aux sécheresses et inondations. Pire, le sol s’érode et termine dans les rivières, puis dans les océans. Nous perdons aussi la capacité en stockage de carbone des sols (doc FAO, résumé page 9).
En +:
Et tout le monde s’en fout #54 – La terre https://youtu.be/8fg5h7FxTkU
L’état de notre environnement et la santé humaine étant intrinsèquement liés, outre le labour, voici plusieurs pratiques dangereuses:
L’agriculture conventionnelle créé des sols pauvres en nutriments. Malgré les apports en engrais, la plante est victime de carences et, comme nous l’avons étudié précédemment, est moins à même de se défendre face aux divers parasites. Comme avec l’exemple de la pomme, des oranges, de la viande ou encore des tomates, on constaterait une différence entre la qualité nutritionnelle d’un aliment “conventionnel” et celle d’un aliment “biologique”. Les carences des aliments se reporteraient donc sur nous. Le constat dramatique partagé par les articles mis en lien peut toutefois être nuancé. Cette perte en éléments nutritifs peut également être expliquée en partie par les traitements de conservation chimique (je vous conseille le visionnage de la vidéo) ou par irradiation.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, nombreux sont les fermiers qui ont ont “modernisé” leurs infrastructures pour se spécialiser dans les élevages intensifs, en particulier de bovins, de porcs et de volaille. Aujourd’hui, 80% des animaux consommés en France proviennent d’élevages intensifs, et ce nombre grimpe jusqu’à 95% pour les cochons, dont la production nationale est, au passage, majoritairement concentrée en Bretagne. Les animaux vont donc être confinés dans des bâtiments fermés, et, outre l’aspect du bien-être animal, comme décrit dans un rapport de la FAO: “il n’est pas surprenant que les trois-quarts des nouveaux pathogènes ayant affecté les humains dans les dix dernières années proviennent des animaux“. Outre les virus potentiellement transmissibles à l’homme, la trop grande utilisation d’antibiotiques (on en utilise même à titre préventif!) est une gigantesque menace pour l’humanité: nos pratiques aident à créer des bactéries super-résistantes. Cet enjeu est trop important pour être laissé de côté au nom d’intérêts économiques!
“La résistance aux antibiotiques menace notre mode de vie actuel et compromet toutes les avancées que la médecine a effectuées depuis plus de 70 ans.”
Ministère des solidarités et de la santé
En +:
Note de l’OMS au sujet des antibiotiques
Risques liés à la consommation de viande pour l’environnement (et à terme pour la santé humaine):
Pour conclure ce chapitre carnivore, en plus des risques sanitaires et environnementaux majeurs posés par l’industrie de l’élevage, une trop grande consommation de viande présenterait de sérieux risques pour la santé du consommateur (cancers, AVC, diabète…).
Tout d’abord, 70% des terres agricoles mondiales seraient réservées, directement ou indirectement à la production de viande (source FAO). Il est important de raisonner en pensant “global”, car les aliments pour les animaux d’élevage peuvent être importés, et l’impact au niveau national pourrait ainsi être sous-estimé. Selon un rapport de l’ONU, plus de 820 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, alors que chez d’autres populations, des phénomènes morbides comme l’obésité sont toujours en augmentation! Dans un contexte mondialisé, est-il moral de constater qu’autant de surfaces agricoles puissent être consacrées à la production de viande, alors que la famine est toujours très présente?
Ensuite, une surface croissante des espaces agricoles est désormais consacrée aux “biocarburants“, aussi désignés sous le nom d'”agrocarburants“, utilisés pour fabriquer de l’éthanol et du biodiesel. Ces carburants représentent 7% de la consommation française, et la surface agricole consacrée à ces carburants serait de 3% (chiffre limité au vu des importations). L’ADEME considère, “sans prendre en compte le changement d’affectation des sols”, que l’impact de ces carburants en émissions de GES serait plus léger qu’avec les énergies fossiles (produits pétroliers). Mais, en prenant en compte le changement d’affectation des sols (c’est à dire transformer une prairie ou encore une forêt, en surface agricole), on arriverait à la conclusion que les agrocarburants émettraient jusqu’à 3 fois plus de GES que leurs équivalents dérivés du pétrole! Outre l’inefficacité apparente de ce type de carburant pour lutter contre le changement climatique, les impacts environnementaux seraient dévastateurs: les biocarburants seraient en grande partie “importés du Brésil, d’Indonésie ou de Malaisie, où ils se développent souvent au détriment de la forêt vierge“. Outre l’aspect déforestation, les cultures de colza et de betterave, plantes utilisées pour la production de biocarburant, seraient fortement consommatrices de pesticides, ce qui viendrait aggraver l’impact environnemental de cette énergie.
En plus des mauvaises utilisations faites de nos surfaces agricoles, nous devons également faire face au problème de l’artificialisation des sols: c’est à dire les surfaces dont l’usage à été changé. D’après le CEREMA, “l’artificialisation a d’abord lieu à destination de l’habitat (68%), puis de l’activité (25%)”. Tous les ans, ce sont des dizaines de milliers d’hectares de surfaces cultivables qui disparaissent! Ces surfaces, une fois goudronnées et bétonnées, ne pourront plus, ou difficilement servir à notre alimentation. J’ai essayé, au maximum, d’apporter de l’objectivité dans cet article, mais ce problème m’invite à parler de mon expérience personnelle à titre d’illustration: j’ai vu le littoral breton voir ses terres (prairies, bois…) grignotées au profit de zones d’habitations et commerciales. De banals pavillons ancrés sur des petites parcelles jouxtent d’exaspérants centres commerciaux. Le phénomène des résidences secondaires dans la région n’est pas étranger à ce changement de paysage: les populations locales voient les prix exploser et se rabattent donc sur des logements plus économiques. Le malaise est double: alors que des personnes connaissent des difficultés pour se loger, le nombre de logements vacants progresse! Je pense écrire bientôt un article dédié à ce problème, en évoquant la spécificité du territoire breton.
La modernisation de l’agriculture menée après la seconde guerre mondiale, dans les années 60, a tout d’abord connu des résistances dans le milieu agricole, avec des mouvements précoces comme celui du MODEF vers 1950, puis le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) dans les années 60, et plus tardivement la naissance de la Confédération Paysanne en 1987, pour ne citer que quelques exemples. Hors du monde agricole, le milieu associatif (associations de défense de l’environnement par exemple) participe largement à la promotion d’une agriculture différente.
L’agriculture alternative est un vaste terme, englobant les types de production qui cherchent à contrer les effets de l’agriculture dite intensive. Agriculture biologique (refus des produits chimiques), paysanne (exploitations à taille humaine) ou encore durable (suivant les principes du développement durable) se démarquent de l’agriculture intensive tout en conservant leurs spécificités.
En +:
Les mouvements agricoles alternatifs, de Estelle Deléage, dans Informations Sociales
Pôle Inpact (Agricultures alternatives)
Pour parvenir à pratiquer une agriculture alternative, nombreuses sont les techniques existantes. Tentons un petit tour d’horizon non exhaustif.
La biodynamie
Avec des origines remontant aux années 1920, la biodynamie, précurseur de l’agriculture biologique et fondée par Rudolf Steiner, semble être le mouvement le plus ancien s’intéressant à la santé de la terre. La terre y est considérée comme un tout, on cherche à équilibrer les énergies et à tenir compte des rythmes cosmiques. En savoir + sur la biodynamie
L’agriculture biologique
L’agriculture biologique refuse les produits chimiques et les pesticides de synthèse. En France, le label “AB” permet de certifier les produits issus de ce type d’agriculture. Ce label offre d’autres garanties, comme des produits finis plus naturels (colorants et arômes chimiques interdits, additifs limités, refus des OGM et cahier des charges pour le bien-être animal). Prudence tout de même, l’agriculture dite biologique est souvent montrée du doigt pour les dérives qu’elle autorise, notamment avec le label européen. En effet, on peut très bien faire de la bio pas “écolo”! Entre les produits sur-emballés dans du plastique, ceux qui parcourent des distances importantes, le maintien du labour ou encore l’utilisation de serres chauffées, la mainmise des industriels sur cette opportunité marketing peut avoir des effets délétères pour l’environnement…
Initiative intéressante pour lutter contre les pollutions générées par l’aquaculture traditionnelle (déjections, antibiotiques, etc.): l’aquaponie se présente comme un système vertueux, applicable notamment en ville, qui a pour but de faire cohabiter poissons, bactéries et plantes. Un exemple de production locale en ville réussie?
En +:
En savoir + sur l’agriculture biologique
Documentaire BRUT court sur l’agriculture bio intensive à l’échelle humaine, et rentable
L’agroforesterie
Sujet abordé dans le ZAP réalisé en parallèle de cet article, la complémentarité entre les arbres et des cultures est une alternative agricole intéressante: l’arbre apporte de la matière organique au sol, remonte de l’eau et des minéraux, apporte de l’ombre et permet de lutter contre les phénomènes climatiques extrêmes. Cette réintroduction des arbres dans les parcelles agricoles permettrait de restaurer la vitalité des sols tout en proposant aux fermes conventionnelles une transformation simplifiée. En France, l’INRA semble s’intéresser de près à cette pratique, avec des résultats prometteurs!
En savoir plus sur l’agroforesterie
La permaculture
La permaculture est une démarche holistique qui va au delà de l’agroécologie. Née dans les années 70 en Australie avec Bill Mollison et David Holmgren, ce courant propose une éthique humaine et environnementale. Différentes techniques respectueuses des milieux naturels permettent d’offrir une certaine abondance alimentaire et un impact vertueux sur l’environnement.
En +:
Documentaire BRUT sur la ferme du Bec Hellouin
Reporterre: j’ai compris ce qu’est la permaculture
Toutes ces techniques, si elles sont pratiquées avec une logique de circuits courts (contrairement à ce qui est observé avec certains produits labellisés “AB”), de promotion de la biodiversité, de respect de l’environnement et de viabilité économique pour les producteurs, permettent d’entrevoir ce qui sera je l’espère la prochaine révolution agricole. Dans tous les cas, les besoins en main d’oeuvre seront plus importants; il faudra utiliser des techniques et des cultures adaptées au terrain, en privilégiant des semences paysannes (voir le travail de l’association Kokopelli), et veiller à limiter strictement la pratique du labour.
Changer la loi et adopter une politique volontariste pour, entre autres, promouvoir une agriculture pérenne, locale et responsable, dans un contexte de respect de l’environnement ne paraît pas être la direction prise ni par l’Union Européenne, ni par la France.
Parlons tout d’abord, au niveau européen, de la Politique Agricole Commune (la PAC), et des aides versées aux agriculteurs. La cour des comptes, en France, jugeait que “le mode de répartition de ces aides, facteur de fortes inégalités, n’a plus de justification pertinente“. En effet, le mode de calcul privilégie la surface exploitée, bénéficiant de fait à l’agriculture intensive. Bien sûr, il est question de réformes au sein de cette institution. Au vu du budget alloué, ce serait déterminant pour la transition nécessaire dans l’agriculture: la PAC représente 40% du budget européen, soit 58 milliards d’euros (soit 117 euros par habitant). Si cette politique commune était maintenue, il faudrait toutefois pratiquer un lobbying intense afin de parvenir à un changement, car l’UE semble en proie au lobbies défenseurs d’un tout autre mode d’agriculture.
En France, les défenseurs d’un modèle agricole suranné, comme la majoritaire FNSEA, pratiquent également une activité de lobbying intense pour continuer à promouvoir leur modèle. Par exemple, il était question d’interdire le glyphosate pendant le mandat d’Emmanuel Macron, mais celui-ci a finalement reculé, sous la pression de la FNSEA. Pourtant, un sondage montrait que 8 français sur 10 étaient favorables à l’interdiction du glyphosate. Par la même, un autre sondage, démontre l’intérêt des français pour l’agriculture biologique. Pour aboutir à un changement de nos politiques publiques agricoles, il faudrait, selon moi, tendre vers des états qui fonctionnent de manière plus démocratique, des politiques moins carriéristes, et un pouvoir plus local. D’ailleurs, sommes-nous en démocratie?
La politique au niveau local, par exemple à l’échelle d’une commune, me semble être la plus à même de proposer des modes de gouvernance plus à l’écoute des populations. En France, le pouvoir concentré à Paris, représenté par des préfectures aux antipodes d’un fonctionnement démocratique, ne laisse que des budgets aux régions et aux départements. La Mairie, échelon le plus local du pouvoir institutionnel en France, a même vu son principal levier fiscal, la taxe d’habitation, disparaître, centralisant de fait un peu plus les pouvoirs. Alors oui, les maires peuvent lever d’autres taxes, mais pourquoi faudrait-il davantage mettre sous pression un contribuable déjà à bout de souffle (cf. révolte des gilets jaunes), quand on pourrait mieux allouer les contributions déjà prélevées? Culture du mensonge… le 21 juin 2018, à Quimper (Kemper), en Bretagne, le Président de la République annonçait une décentralisation en ces termes: “la Bretagne sera le laboratoire de cette décentralisation de projet au niveau national”. On attend toujours….
C’est pourtant au niveau de la localité que l’on observe, le plus d’initiatives en faveur de l’environnement et de l’autonomie alimentaire. Voici quelques exemples:
Malheureusement, malgré l’engagement des citoyens dans de nombreuses initiatives pour faire changer les choses, la machine étatique, quand elle ne les saborde pas, ne soutient pas assez les projets de transition. Nos impôts servent souvent à subventionner des projets destructeurs de l’environnement, comme la ferme des millevache, la raffinerie Total importatrice d’huile de palme, sans parler du CICE qui bénéficie à de nombreuses entreprises dont les activités sont très polluantes… Le site Reporterre propose une carte de France des projets destructeurs de l’environnement. Quand les leviers législatifs ont été épuisés, quels modes d’action peuvent-être imaginés, compte-tenu de l’urgence?
Plusieurs types d’action peuvent contribuer à faire changer les choses, du mouvent de Pierre Rabhi “Les colibris” jusqu’aux actions de désobéissance civile comme celles d’Extinction Rebellion (occupation d’espaces publics, par exemple). Des collectifs comme celui des Faucheurs Volontaires (d’OGM) privilégient des modes d’action directe, et en France comme en Europe, on assiste à l’emergence des ZAD (Zones à défendre), la plus notoire étant celle de Notre Dame des Landes. Cet ancien projet d’aéroport est un véritable laboratoire de projets alternatifs et collectifs: constructions écologiques (Kerterre, Cabanes, etc.), cultures, lieux communs, festivals… Pour reprendre un vieux slogan, “ensemble, tout devient possible”!
Le pouvoir du consommateur
Le consommateur, notamment grâce à des campagnes d’ONG, est de plus sensibilité à l’impact de sa consommation sur l’environnement et la société. Avec les campagnes de boycott de produits, l’essor de la bio et des circuits courts, le consommateur prend petit à petit conscience de sa responsabilité et de son pouvoir. Les AMAP permettent de s’affranchir progressivement des supermarchés, des épiceries paysannes comme celle de Goasven permettent d’allier culture et développement local, et des coopératives comme Les Fermes de Figeac concurrencent les supermarchés tout en favorisant les agriculteurs locaux. Le consommateur peut adopter une manière vertueuse de se nourrir pour la société et l’environnement. De plus, outre l’achat de produits locaux et responsables, le consommateur, en réduisant sa consommation de viande, peut limiter d’autant plus son impact négatif sur l’environnement. En effet, “un nouveau rapport de la FAO affirme que l’élevage est l’une des causes principales des problèmes d’environnement les plus pressants, à savoir le réchauffement de la planète, la dégradation des terres, la pollution de l’atmosphère et des eaux et la perte de biodiversité.“
Les impacts négatifs de l’agriculture conventionnelle sur les milieux naturels et la santé humaine ne sont plus à démontrer, et pourtant, au lieu de légiférer en faveur d’une transition agricole permettant aux agriculteurs de vivre de leur métier dignement tout en prenant un virage vers plus d’autonomie et d’écologie, nos gouvernements successifs semblent vouloir s’attaquer à tout ceux qui souhaiteraient faire changer les choses, avec la mise en place d’une cellule de renseignement contre l’agribashing! Heureusement, nous assistons à une prise de conscience progressive au sein de la population, et l’émergence de nouvelles initiatives donne de l’espoir. Histoire à suivre…
Pour réduire notre impact individuel sur l’environnement, on nous propose une myriade de solutions:
Si, effectivement, notre responsabilité individuelle est indéniable, il faut également des politiques fortes en faveur de l’environnement pour que le gros du travail soit fait. Malgré la communication gouvernementale, absolument rien n’est fait pour ne serait-ce que diminuer notre impact néfaste sur la planète. Seule la communication a pris le relais: “engagements forts pour le climat”, “objectifs ambitieux”, “croissance verte (!)”…
Étudions le fonctionnement d’une entreprise privée qui, pour réussir, doit obéir à des règles de rentabilité et de concurrence: l’épuisement des ressources et la destruction du vivant n’entrent pas en compte dans les données de l’entreprise. Ces éléments n’existent pas dans le logiciel. C’est l’argent qui gouverne. Alors bien sûr, le marketing et la communication feront que les plus gros pollueurs essaieront toujours de se faire passer pour des entreprises “responsables”. Le fameux greenwashing. Mais toutes les entreprises doivent obéir à la loi du pays dans lesquelles elles se trouvent…
Des mesures législatives qui aident à lutter contre le changement climatique, contre la pollution de l’environnement et contre l’effondrement de la biodiversité pourraient se classer en deux catégories:
En ce qui concerne les mesures contraignantes, il est pour moi primordial (liste non exhaustive):
Quant aux mesures incitatives, elles sont aussi très nombreuses:
L’état Français est prêt à allouer 40 millards d’euros dans des aides aux entreprises comme le CICE (Crédit d’impôt Compétitivité Emploi) pour “favoriser l’emploi”, sans grand résultat hormis pour les actionnaires, mais ne propose pas de tel montant pour l’environnement… Hors nous le savons, la maison brûle, l’urgence devrait être le climat!
Récupérons l’argent!
0n atteint la somme de 570 milliards d’euros (d’évasion fiscale) pour notre seul pays
Rapport d’information n°1423 de l’Assemblée Nationale – 9 octobre 2013 section II. -A
On estime que l’argent caché aux impôts français dans les paradis fiscaux dépasse les 200 millards d’euros (pour les avoirs détenus par des résidents français), et que le manque à gagner généré serait de 60 milliards. Ce qui veut dire que ce sont les autres contribuables, beaucoup moins fortunés, qui assument ce coût: 136€/mois payés par les 36,7 millions de contribuables, c’est à dire l’essentiel de la population. Mais ce n’est pas tout: l’optimisation fiscale, pratiquée par les grandes entreprises qui passent par des cascades de sociétés écran, représenterait jusqu’à 60 milliards supplémentaires de manque à gagner pour les impôts. L’optimisation fiscale est légale, et permet à certaines sociétés qui génèrent pourtant des profits faramineux de rabaisser leurs impôts à moins de 1%.
Récupérons l’argent de l’évasion fiscale, rendons les montages financiers des multinationales illicites, et nous aurons déjà mis la main sur au moins 120 milliards d’euros par an. Une entreprise préférera continuer de réaliser des profits en France si elle est forcée de payer ses impôts (elle aussi!), plutôt que de voir ses marchandises retirées des rayons (oui, il faut plus qu’une tape sur les doigts pour que ce type de mesures soient efficaces).
Alors oui, c’est certes facile à dire, quand on constate que:
Mais l’enjeu est de taille: c’est maintenant qu’il faut revoir les bases de notre société, pour pouvoir espérer maintenir un monde dans lequel les besoins primaires de chacun puissent être satisfaits (santé, libertés, paix). Sans cela, en cas de crise écologique, l’argent perdra de toute manière la valeur que nous lui portons aujourd’hui (risque d’hyperinflation).
Que faire de cet argent?
Pour moi, pas d’écologie possible sans justice sociale: tout d’abord soulager les ménages et les entreprises les plus vulnérables, redonner des moyens à l’éducation, aux hôpitaux, et investir massivement dans la transition énergétique. Récupérer l’argent planqué permettrait de donner des moyens à une politique volontariste pour la planète 🌍.
Privatiser, c’est à dire “l’action de transférer au secteur privé une activité, une entreprise qui appartenait au secteur public” selon le Larousse en ligne.
En ces temps très libéraux, la volonté du gouvernement Macron de privatiser le système des retraites en France (c’est du moins la trajectoire aisément devinée) , entre autres, m’a poussé à ressortir l’article que j’avais rédigé sur mon précédent blog… Le voici dans son intégralité.
Objectif privatisation
La privatisation, partout en Europe, comme salut pour nos sociétés! C’est en tout cas la direction prise par l’Union Européenne, avec ses nombreuses directives (en voici une pour illustration, elles sont toutes accessibles). Cela fait longtemps que ce sujet est abordé par nos médias, politiques, amis et collègues de travail. J’ai souvent l’impression que le débat est complètement bipolaire, gauche-droite, clivant.
Une discussion avec des collègues de travail lors d’une informelle pause m’a bien résumé une pensée largement répandue dans l’imaginaire collectif: le fonctionnaire est fainéant, bardé d’avantages que les salariés du privé n’oseraient envisager, et pour couronner le tout prend un malin plaisir à se mettre en grève pour paralyser la machine France.
Privatisation et croissance
La privatisation va de pair avec la croissance (un concept à développer, voici un lien en attendant). En effet, dans son dossier “Pourquoi il faut privatiser”, l’IFRAP (j’ai un peu fouillé au sujet de ce lobby) commence par dire que “ la redistribution politique par l’impôt ne fonctionne que s’il y a de la richesse à distribuer ; or, c’est l’échange – jeu à somme positive – et non la politique – jeu à somme nulle – qui produit ces richesses”. La croissance du PIB est effectivement un indicateur suivi de près pour légitimer l’action publique, malgré les nombreux reproches que l’on peut faire à cet indicateur dans la mesure où il ne prend pas certaines données essentielles au bien être des populations. Avant d’entrer dans les chiffres, dans le vérifiable, c’est dans le débat idéologique qu’il faut se plonger.
“Ils profitent du système”
Pour privatiser le bien public, ainsi que pour justifier de nombreuses mesures antisociales, il est pour moi important de détourner l’attention du public, ne rien “céder au fainéants”, comme l’avait très adroitement annoncé le Président de la République française M. Emmanuel Macron. S’agit-il des bénéficiaires du RSA, des fonctionnaires, ou encore des cheminots? Via les discours de politiques largement relayés par les médias généralistes, les idées libérales se frayent un chemin dans l’opinion publique: en guise d’illustration, d’après un sondage réalisé par Harris interactive pour RMC et Atlantico, près de sept Français sur dix (69%) sont pour la fin du statut de cheminot. Selon un autre sondage Elabe pour « Les Echos », Radio classique et l’Institut Montaigne, seulement 44% des Français souhaitent que l’Etat conserve ses participations au niveau actuel. La population française est donc divisée sur ce sujet.
Les disparités de revenus au cœur du débat
Essayons de dresser un portrait réaliste des bourses de la population française:
d’après un article en ligne du journal Le Figaro, et en laissant de côté les importantes disparités de salaires entre les hommes et les femmes (24% d’écart constaté, tout de même), le revenu moyen (et non médian) en France en 2015 était de 20 540€. Les cadres gagneraient en moyenne 2.6 fois plus que les ouvriers: la distinction de classe cols blancs vs. cols bleus (Adam Smith) serait donc toujours à l’ordre du jour.
Autre donnée à considérer: le revenu salarial annuel moyen dans la fonction publique est de 21 920€ (donnée de 2015, toujours d’après le Figaro), soit 6% de plus que le revenu moyen. En considérant que ce chiffre est une moyenne, qu’il prend en compte une catégorie professionnelle très large, est-ce que cette donnée permet de remettre en question la rémunération des fonctionnaires? Pour ma part, et au vu des grandes disparités de traitement dans la grande famille des fonctionnaires, je pense que non.
Les 1% les plus fortunés ont accaparé 82% des richesses créées l’an dernier.
Même si cela constitue une nette différence de traitement, pas de quoi y voir une fracture “riches/pauvres”: la vraie différence se situe dans l’écart avec les ultra riches. En effet, dans le monde, selon des données récentes et largement relayées par les médias en janvier 2018, les 1% les plus fortunés ont accaparé 82% des richesses créées l’an dernier.
Au niveau national, selon un article des Décodeurs (Le Monde), “malgré le système de redistribution (impôts et prestations sociales), les 10 % des Français les plus riches possèdent à eux seuls plus du quart des revenus, soit dix fois plus que les 10 % les plus pauvres”. Côté patrimoine, 1 % des Français les plus riches concentrent 17 % des richesses, mais les écarts peuvent devenir tout à fait vertigineux lorsque nous parlons des grandes fortunes (une milliardaire comme Madame Bettencourt possède combien d’années de SMIC? Réponse: 1.77 millions).
Pour clôturer cette argumentation, je cite un article de La Tribune (Par Alexandre Mirlicourtois, Xerfi
| 18/10/2017, 10:36): “Les riches, eux, vivent dans un monde où les moyennes n’ont plus de sens.
La distribution des salaires dans le privé en donne un bref aperçu : l’écart des rémunérations n’est pas proportionnel et plus on grimpe dans l’échelle des salaires, plus les écarts sont importants. En valeurs absolues, il y a plus de différence à l’intérieur des 10% qui gagnent le plus qu’entre le 1er et le 9e décile. C’est bien pourquoi il faut concentrer l’analyse sur les 1% les mieux lotis”.
Graphique maison, qui ne comprend que les salaires, et laisse donc de côté l’aspect patrimoine (comme les actions, possessions immobilières, etc.):
Ne soyons pas dupes: l’argent attire l’argent -c’est la loi du capitalisme- et cette progression n’est donc pas prête de s’enrayer, sauf sursaut citoyen important. C’est donc la détention de capital qui rend plus riche, et c’est bien sûr cette concentration de capitaux qui explique un accroissement des inégalités.
Considérant ces données, comment penser que privatiser serait une bonne chose pour la grande majorité des français, des européens, et du reste du monde?
Les rentiers n’ont pour l’instant pas trop de soucis à se faire, puisque l’esprit des français est occupé en priorité par des thématiques comme le terrorisme, l’immigration, ou encore le chômage (source Insee), la pauvreté n’arrivant qu’en 3ème position. Pour le chômage, “on s’en occupe”: les gouvernements successifs ont beaucoup traité le sujet, entre la stigmatisation des chômeurs (et plus récemment M. Macron, qui prônait plus de flexibilité) et la précarisation des emplois.
Sans pouvoir corréler statistiquement (quelqu’un me donnera peut-être un lien, un article?) privatisations et explosion des inégalités, je pense que le raisonnement suivant nous permettra d’y voir plus clair:
Prenons l’exemple des autoroutes françaises.
Selon le Sétra, un kilomètre d’autoroute coûte en France environ 6,2 millions d’euros ; coût auquel il fautajouter celui de l’entretien (de 70 000 à 100 000 euros/an et par km).
D’un côté, le contribuable paie pour la construction d’une autoroute (investissement initial) puis pour son entretien avec des fonctionnaires (coûts récurrents). Hormis les péages installés sur l’autoroute le temps de son remboursement (qui, au vu des dépenses engagées, et parfois de choix d’implantations douteux, peut effectivement être assez long), le coût de l’autoroute est supporté par le contribuable sous la bonne gestion du gouvernement. Du service public, en somme!
De l’autre côté, nous avons le système “privatisé”: bien que le contribuable aie déjà craché au bassinet, ce sont des sociétés privées qui se voient octroyer la gestion des routes, prélevant leur marge au passage. Le recours à la sous-traitance et les contrats de travail plus souples que ceux des fonctionnaires permettront peut-être de diminuer les coûts? Certainement! Mais encore une fois, ce ne sera pas l’utilisateur de l’autoroute qui profitera de cette baisse de coûts mais bien les actionnaires des sociétés autoroutières. Alors certes, les travaux sont assurés par les sociétés qui entretiennent le réseau, mais les dépenses n’ont rien à voir avec les recettes engrangées Et nous pouvons également nous demander si ces entreprises ont pour principale préoccupation la sécurité des usagers, avec des indices récents comme la catastrophe annoncée de l’effondrement du pont Morandi en Italie.
Pour apporter un autre argument en faveur de la non-privatisation: le service public n’est pas fait pour être rentable, mais bien pour améliorer la vie des citoyens. C’est un coût supporté par tous, mais accessible à tous également, selon la -à priori- vétuste devise: “liberté, égalité, fraternité”. Si la poste était privatisée, pensez-vous que ses actionnaires maintiendraient les services non rentables? Et oui, votre grand mère perdue dans le Cantal pourrait ne plus recevoir la visite bienveillante de sa factrice, soumise à une obligation de performance.
Le pouvoir change de camp: plus nous privatisons, plus nous sommes soumis aux tarifs des entreprises privées. Mais ne vous inquiétez pas: la concurrence, grâce à la main invisible décrite par Adam Smith, amènera naturellement les prix vers le bas! Sauf si ces fameuses entreprises fusionnent (illustration de Monsanto, avalé par Bayer), vous trompent sur la marchandise ou s’entendent pour maintenir des marges confortables (exemple 1 et 2…).
On a récemment abordé la théorie du “ruissellement” dans les médias. Théorie selon laquelle l’enrichissement des (déjà) riches profiterait en cascade aux personnes moins fortunées, en leur offrant du travail de part la consommation. Mais au vu des chiffres vus ci-dessus, cette théorie est je pense à envoyer à la poubelle…
Dernier argument que vous entendrez: les entreprises paient des impôts (pléthore d’impôts d’ailleurs), qui bénéficient à tous et alimentent les caisses publiques. Vous me voyez venir… Je répondrais “évasion fiscale”! Même si le chiffre est difficile à savoir précisément, les récentes affaires, au sein des cercles du pouvoir (notre fameux Jérôme Cahuzac) comme dans nos multinationales et banques (Panama Papers).
Comme le dit si bien le dossier de l’IFRAP: “privatiser ne doit pas conduire à laisser s’installer la loi de la jungle ou la dictature des mafias”.
La meilleure solution est peut-être bien de ne pas privatiser, dans ce cas.
Laissez-moi vous emmener dans ce qui est pour moi comme un second pays: Figeac et ses alentours (46 – Lot). Des causses du Quercy aux vallées vertes, la beauté des paysages égale la qualité des rencontres. Les nombreuses initiatives locales, quand à elles, donnent de l’espoir en illustrant ces mots: engagement, solidarité et bienveillance.
Découvrez ci-dessous quelques vidéos de paysages, lieux associatifs et rencontres:
Let’s visit what is to me like a second country: Figeac and its surroundings (46 – Lot, France). From limestone plateaux to green valleys, landscapes are as nice as the quality of the persons met. Numerous local activities give a lot of hope because they illustrate the following words: engagement, solidarity and kindness.
Discover below a selection of videos of landscapes, non-profit organization places and encounters: